2024
Au-dessus des canaux, suspendus dans l’air, des fils de linge relient les façades des immeubles ocres, rouges et blanches brûlées par le soleil. Les vêtements des vénitiens ondulent avec la brise qui traverse les ruelles comme un hommage aux voiles des cocche veneta qui ont sillonné le monde pour la gloire de la Sérénissime. Le regard de l’artiste se lève vers le ciel bleu éclatant. Il recherche, au-dessus de la ville, par-delà le bruit et la fureur des touristes, un peu de sérénité. Il rencontre les vénitiens, comme des réminiscences du passé, habitants les étages de ces vieux immeubles qui nous dévoilent leur intimité sans pudeur, nous rappelant qu’ils sont et resteront les seuls gardiens de Venise. Et pourtant la fragilité de la ville éternelle saisit le spectateur. Comme sur un fil, Venise vit avec le risque de sa disparition. La perspective donne l’impression que les immeubles vont s’écrouler les uns sur les autres refermant cette étroite fenêtre de lumière et que la ville peut basculer à tout moment, sous le poids de son glorieux passé. Le regard est tourné très haut vers l’au-delà, comme une prière inconsciente demandant à une force supérieure de préserver ce bijou d’humanité.